Le veilleur des brumes (tome 1), Robert Kondo et Daisuke Tsutsumi

Pierre est veilleur des brumes. Chaque soir, il actionne le moulin du barrage, pour permettre à sa ville de rester à l’abri des brumes. Avant lui, c’était son père qui remplissait cette mission. Mais, devenu fou, l’homme a mis fin à sa vie en plongeant dans les brumes. Pierre se sent très seul depuis. Un jour, il s’aperçoit que les vagues de brumes sont de plus en plus espacées, tout en étant de plus en plus fortes. L’inévitable se produit : les brumes s’abattent sur le barrage et elles emportent Pierre et ses amis loin de chez eux…

« Il n’y a pas de vie, dans les brumes… On n’y trouve que des souvenirs… »

Cette BD jeunesse, premier tome d’une série, est l’adaptation d’un court-métrage oscarisé en 2015, intitulé The Dam Keeper. Son graphisme, à couper le souffle, m’a happée. On retrouve une esthétique proche du film d’animation ; les dessinateurs ont effet tous deux collaboré avec Pixar. Les animaux anthropomorphes sont absolument craquants et le petit Pierre porte une sacrée charge émotionnelle dès le début du récit. L’histoire est très dynamique, le dessin y est pour beaucoup, mais elle se lit aussi très vite ! La fin laisse entrevoir de nouvelles péripéties dans de prochains ouvrages. De mon côté, elle m’a donné envie de découvrir les tomes suivants, et de continuer l’immersion dans cet univers unique !

Grafiteen, mars 2018, 180 p.

Ma note : ★★★★☆

Bergères guerrières (tome 1), Jonathan Garnier et Amélie Fléchais

Voilà 10 ans que tous les hommes (ou presque) du village de montagne où habite Molly ont été réquisitionnés pour partir à la guerre. Aucun n’est revenu et les femmes se sont organisées pour défendre le village, en fondant l’ordre des Bergères guerrières. Molly et ses amies font partie de cette génération d’enfants nés il y a 10 ans, qui n’ont pas connu leurs pères. Elles sont des apprenties de l’ordre. Les femmes de leurs familles ont aujourd’hui des rôles prépondérants dans la communauté et sont chargées de former les nouvelles recrues… ainsi qu’un jeune garçon, qui aimerait bien, lui aussi, avoir la possibilité de défendre son village avec les filles !

« Nouvelles recrues ! Vous avez maintenant l’âge d’intégrer ma formation pour devenir le membre de l’ordre. Vous êtes nées il y a dix ans en cette sombre année, mais vous représentez l’espoir et le renouveau. »

Je découvre avec plaisir cette saga jeunesse par ce tome introductif, qui nous laisse sur un beau suspense. J’ai adoré l’humour, l‘expressivité des personnages, cette idée d’un matriarcat guerrier, et tous ces boucs très amusants ! Ce premier tome laisse plein de questions en suspens : pourquoi les hommes du village ne sont-ils pas revenus ? Quelle est cette bête qui rôde autour du village ? Comment les Bergères progressent-elles dans l’ordre ? Les jeunes hommes vont-ils créer leur propre ordre ? J’ai hâte de lire la suite pour avoir des réponses. Elle s’annonce prometteuse, cette série de BD jeunesse !

Glénat, juin 2017, 70 p.

Ma note : ★★★★☆

Les soeurs Grémillet (tome 1) : Le rêve de Sarah, Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci

Sarah, Cassiopée et Lucille sont soeurs et très différentes les unes des autres. Sarah, l’ainée, a un fort sens des responsabilités. Cassiopée est romantique et rêveuse. Lucille, la benjamine, est passionnée par les chats, qui sont quasiment ses seuls interlocuteurs. Ensemble, elles décident de reformer le club des trois frangines pour découvrir les secrets du passé de leur maman. En menant l’enquête dans le grenier, elles découvrent une photo d’elle enceinte, peut-être pas sans rapport avec les rêves persistants de Sarah, dans lesquels elle voit une petite méduse se diriger vers un arbre impressionnant…

« La famille Grémillet !
Côté bizarreries, aucune de nous n’est en reste… Parfois, j’ai l’impression que nous sommes toutes folles ! 
C’est peut-être pour ça que nous réussissons à vivre ensemble sans nous entretuer !
Du moins, pour l’instant ! »

J’avais lu de belles choses sur cette BD jeunesse, et cela se confirme à ma lecture. J’ai passé un agréable moment. Les trois soeurs Grémillet sont très attachantes, chacune à leur manière. J’ai aimé ce traitement du passé de leur maman, qui mêle un bel imaginaire onirique et une enquête pour comprendre des événements qu’elles n’ont pas vécu. Intéressant aussi de voir comme les « fantômes » du passé peuvent impacter le présent, même quand il s’agit de secrets gardés bien enfouis. Beaucoup de tendresse dans cette histoire de famille et de liens impalpables. Je lirai la suite !

Dupuis, juin 2020, 72 p.

Ma note : ★★★★☆

Coeur Collège, tome 1 : Secrets d’amour, BeKa et Maya

Linon et Garance, onze ans, décident de mener l’enquête au collège pour comprendre réellement ce qu’est l’amour. Il faut dire que Linon a le cœur qui s’emballe quand elle passe près de Noa, qui lui, semble plutôt résolu à l’ignorer. Les deux jeunes filles découvrent que ce sentiment est aussi complexe qu’omniprésent. En interrogeant différents élèves du collège, elles tentent de comprendre les sentiments amoureux, ce qui fait qu’une relation de couple dure, les rumeurs, la jalousie, le poids des apparences et les conséquences des blessures du passé. Mais elles ont aussi toutes deux des secrets qu’elles ne parviennent pas à se confier : chez Garance, la relation de couple de ses parents n’est pas au beau fixe. Linon, elle, n’ose pas avouer à sa meilleure amie qu’elle n’a jamais embrassé de garçon. 

« Comme quoi, il faut toujours regarder au-delà des apprences. »

Cœur Collège est une toute nouvelle série de BD destinée aux jeunes ados. En plus de la thématique centrale des relations amoureuses, elle aborde aussi, sans en faire des caisses, le harcèlement, l’homosexualité, le consentement (sans pour autant parler frontalement de relations sexuelles, le public cible est assez jeune). Les illustrations sont très jolies, très colorées et le ton de la BD est frais et léger. J’ai beaucoup aimé le bilan que dressent les deux amies à l’issue de chaque journée : dans leur carnet, elles rédigent leurs conclusions (sans concession) sur ce qu’elles ont appris de l’amour. Cœur Collège est donc une BD très sympa, qui parle de découverte de l’amour sans niaiserie, et qui trouvera sans doute sa place dans les CDI de collèges !

Dupuis, août 2021, 96 p.

Ma note : ★★★☆☆

Le silence est d’ombre, Loïc Clément et Sanoe

Voilà un nouvel album que j’attendais avec impatience, depuis ma découverte des merveilleux Chaussette, Jeannot, Les jours sucrés, de Loïc Clément. Ce dernier est ici accompagné de la talentueuse Sanoe. Dans Le silence est d’ombre, Amun, un petit garçon, perd la vie dans l’incendie de son orphelinat. Il se retrouve alors dans un entre-deux, pas complètement mort mais plus vraiment vivant. Il y observe les vivants sans être vu. Après les tourments qu’il a vécus dans le passé, il se sent enfin à sa place dans ce monde de l’ombre, calme et solitaire. Il y fait alors la rencontre de Yaël : les deux enfants vont ensemble expérimenter un certain nombre d’expériences incroyables. Mais tout a une fin… y compris la mort ?⠀

« Après avoir tant souffert, Amun a su trouver dans cet univers ouaté et aseptisé, un asile véritable… »

Il est beau, ce nouveau Conte des cœurs perdus. Il est triste aussi. L’album aborde des thèmes assez durs : la mort, l’immigration clandestine, la solitude, le deuil… dans une atmosphère toute particulière. L’ensemble est grave… et aussi poétique. Les planches de Sanoe sont incroyables : un foisonnement de couleurs et de détails qui nous fait voyager avec les deux garçons dans des paysages fabuleux. En résumé, une très belle lecture, plus mélancolique que je ne l’avais imaginée.

Delcourt jeunesse, octobre 2020, 40 p.

Ma note : ★★★★☆

Lily a des nénés, Geoff

Petite BD jeunesse, Lily a des nénés évoque l’entrée dans l’adolescence au sein d’un petit village breton. Lily et son frère jumeau Titouan habitent à Portshall, village côtier assez tranquille. La BD évoque l’arrivée des « nénés » de Lily comme un prétexte pour évoquer l’adolescence et ses préoccupations. Lily souhaite attirer l’attention de Joshua, à la tête d’une petite bande populaire. Titouan souhaite entrer dans la bande pour paraître crédible auprès de la fille qu’il convoite. Lily organise alors un échange d’identité, en jouant sur sa ressemblance avec son frère…⠀

« Voilà ! Ca, c’est tout Titouan. Mes parents disent que c’est une vraie fillette, je ne comprends pas qu’on dise ça. Pourquoi on dit pas un vrai garçonnette ? »

Si j’ai été conquise par la grande beauté des illustrations (notamment ces magnifiques paysages de marais salants), j’ai été moins séduite par l’intrigue, très jeunesse et restant un peu à la surface des choses. La BD parlera peut-être davantage à des enfants de 10/11 ans, dont les préoccupations se rapprocheraient de celles de l’héroïne. J’aurais aimé que l’aspect psychologique de l’entrée dans l’adolescence soit un peu plus creusé.

Casterman, mars 2019, 64 p.

Ma note : ★★★☆☆

Jeannot, Loïc Clément et Carole Maurel

Après Chaussette, j’ai eu envie de découvrir Jeannot ! Autre point de vue sur cette histoire, cette fois-ci du côté de cet étrange vieux monsieur… Jeannot vit heureux jusqu’au drame qui bouleverse sa vie. À partir de ce moment-là, il commence à entendre parler les végétaux. Un jour qu’il est au parc, il rencontre une vieille dame qui s’amuse de l’entendre parler tout seul. Après quelques temps, il fait la connaissance avec Josette, dite Chaussette. Ces deux solitaires fantaisistes vont se rapprocher et trouver des résonances dans leurs drames personnels.

« Oui, je sais, ça paraît foldingue un jardinier qui comprend le murmure végétal, mais je raconte pas de galéjades. On pourrait penser à un don du ciel… mais moi, je crois surtout que c’est une malédiction, car si vous pouviez entendre parler les plantes, comme moi… vous constateriez que la plupart sont bêtes comme leurs racines. »

Une BD à lire si vous avez aimé Chaussette… mais pas que ! L’histoire peut tout à fait être lue indépendamment, mais c’est satisfaisant de redécouvrir Chaussette sous une autre plume, et tous ces détails qui rappellent l’album d’Anne Montel et Loïc Clément. Le personnage de Jeannot est touchant du fait de son passé, mais ses disputes régulières avec les plantes sont savoureuses !! J’aime aussi énormément le style de Carole Maurel, ce qui ne gâche rien ! Encore un bel album à découvrir.⠀

Delcourt jeunesse, juin 2020, 40 p.

Ma note : ★★★★★

Chaussette, Loïc Clément et Anne Montel

Alerte coup de cœur !! Chaussette est un récit drôle et touchant sur une vieille dame très attachée à son petit corgi. C’est un enfant qui raconte son étrange manège quotidien. Merlin a bien repéré la routine de Josette (qui s’est transformée en « Chaussette », avec son défaut de prononciation) ! Le petit garçon a observé que sa voisine faisait chaque jour le tour des commerces du village, avec des pauses aux mêmes endroits et aux mêmes heures, toujours accompagnée de son petit chien à tête de saucisse ! Mais un jour, Chaussette a un comportement étrange…⠀

« Ceux qu’on ne remarque pas, ceux qu’on traite comme de vieilles chaussettes, vivent parfois des joies et des peines sans un bruit. Juste à côté de chez nous, certains drames peuvent se jouer en plein silence. Car finalement, les grandes douleurs sont parfois muettes. »

Lisez Chaussette ! Le délicieux récit de cette vieille dame, infiniment touchante ! L’univers est doux et coloré, drôle et émouvant… Les planches sont magnifiques, avec certaines illustrations format A4 juste incroyables ! J’ai bien aimé le point de vue adopté, celui de ce petit garçon curieux qui apporte une forme de suspense. La tête de Chaussette est parfois hilarante… En résumé, une belle histoire que je recommande à tout le monde !

Delcourt jeunesse, avril 2017, 32 p.

Ma note : ★★★★★